cataractes

Cataractes,

Cataractes,

Sonja Delzongle Sonja Delzongle

C'est une écrivaine française, Sonja Delzongle, née à Troyes, auteure de romans policiers, que je vais évoquer aujourd'hui avec son livre « Cataractes » (Éditions Denoël). Avec « Boréal », elle nous avait entraînés dans un univers arctique et cette fois, c'est un univers aquatique.

Ce nom de Sonja Delzongle évoque une autre origine que la France (où elle vit), et cela provient de ce qu'elle est née d'un père français mais d'une mère serbe, ce qui lui a valu le fait d'évoluer entre la France et la Serbie.

D'ailleurs, ici, l'histoire se déroule en Serbie….

Si avec « Boréal » le lecteur était glacé, avec « Cataractes », il a droit à une histoire vraiment particulière. Plus spécialement avec le fait qu'il s'agit d'une centrale « qui fuit » dangereusement, mais aussi avec quelques personnages vraiment hallucinants, monstrueux – des meurtres horribles – on évolue dans la « magla », une sorte de brouillard, de brume laiteuse…

Est appelé pour l'enquête, afin de déterminer s'il s'agit d'un sabotage, d'abord Jan Kosta, qui, quarante ans auparavant, a été sauvé (par son chien fidèle) de la catastrophe de Zavoï, après un énorme glissement de terrain qui avait englouti son village.

Par la suite, Jan est devenu hydrogéologue et c'est un ami qui l'appelle, affolé, car des faits étranges ont lieu : «une fissure encore plus importante que les précédentes venait d'apparaître sur la turbine. Mais ce n'était pas tout. En entrant dans la salle des générateurs peu après le départ de Kosta et de Marija, Vladimir et deux membres du personnel ont découvert, (…) des empreintes de pieds. Des pieds d'homme chaussant du 47 environ. » « Une bête majeure, majstore. Une bête humaine ? »

Pendant que Kosta et Marija (une jeune et jolie journaliste) partent faire des recherches, Vladimir prend contact avec une société de protection et on voit arriver, « taillés comme des chênes : Douchko, Ivan et Buda, trois Rambo en uniforme et rangers, crâne rasé, tenant court leurs chiens, deux rottweillers et un doberman. » Mais malgré tout cela et leur équipement ainsi que leurs armes, ils vont, eux aussi, avoir rapidement un destin tragique.

Marija qui n'a peur de rien, va dévoiler une forte personnalité, petit à petit car Kosta, au début, aurait préféré être seul. Il adore sortir sous les étoiles afin de repousser les limites du sommeil – cette nuit peuplée de monstres invisibles, d'ogres et de sorcières – des nuits où il est assailli par des cauchemars horribles mais aussi parce qu'il pense à sa petite fille restée à Dubaï.

Énigme aussi pour des moines de Temska, disparus, mais qui sont parfois aperçus.

Un autre personnage est important, Djol, qui a connu Toska tout petit, qui l'a élevé, mais qui a disparu dans les montagnes. Nul ne sait s'il est toujours vivant ou pas.

Kosta et Marija veulent aller au Midžor, où l'eau est tellement pure qu'elle est convoitée d'autant plus que son cours a disparu.

Ils vont connaître maintes aventures – faire des découvertes pas forcément agréables – et pendant ce temps, les mystères se multiplient à la centrale.

Le lecteur se retrouve dans un univers bien noir – va de surprises avec d'innombrables rebondissements – les intervenants sont nombreux – et ce village englouti qui ressort des flots certaines nuits ? - ces moines que l'on voit mais pour qui on ignore où ils se trouvent ? - le rythme est effréné – on peut dire que cette « histoire d'eau », de « Cataractes », est plutôt bien sombre – un vrai thriller pour lequel on peut dire : « que d'eau ! » - car il y a l'eau des rivières qui ont disparu et qu'il faut retrouver (on en a besoin) – il y a aussi l'eau des « Cataractes » qui envahissent la centrale (on s'en passerait) – il y a la force du Bien et celle du Mal – des nombreuses réflexions sur Dieu (mais quel Dieu ?) - tous ces cadavres atrocement mutilés – on finit par avoir un coupable tout désigné mais les meurtres continuent – des rituels sataniques – les tisanes de Djol – les souvenirs de Kosta qui envahissent son esprit sur sa famille (celle de son enfance et celle actuelle) et tellement d'autres observations (à découvrir évidemment) – les superbes paysages…. Des réflexions psychiatrique ou de psychoses avec le syndrome de Coltard….. Quant à la fin, le lecteur en reste abasourdi… Je n'en dis pas plus sauf que le style de Sonja Delzongle est tout à fait bien maîtrisé, prenant, au point de mener le lecteur jusqu'à la fin, sans se lasser. Je vous le recommande si vous ne l'avez pas encore lu.

Je ne résiste pas à la tentation de citer cet éloge de « Madame Figaro » : « Sonja Delzongle pousse là où on n'attend pas les curseurs de la noirceur humaine. »

L'auteure a dédicacé son ouvrage ainsi : « A ces territoire que nous sommes .

Aux montagnes sauvages du Grand Balkan. » Elle l'a très bien fait.

Nadia d'Antonio

Edité par Éditions Denoël,

20,90 €


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