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Ce qu’il reste de nos rêves

Ce qu’il reste de nos rêves

Flore Vasseur

Facebook, l'émergence des réseaux sociaux, les secrets qui les ont entourés – la mort de l'un de ses précurseurs, c'est que nous raconte l'écrivaine française, Flore Vasseur, dans « Ce qu'il reste de nos rêves » (Edition Pocket - Equateurs - parution le 1er avril 2021).

Elle s'est penchée sur la vie (et la mort) du héros, Aaron Swartz.

On y lit ce qui concerne, outre Facebook, des notifications sur WikiLeaks – Underground – le tracking et les hackers – Skype – Arpanett (le tout premier réseau militaire, avant Internet) – le MIT (Massachussetts Institute of Technology) – le codage - les premiers pas des jeux vidéo (Star Wars…) – mais l'auteure évoque également des célèbres universités américaines (comme Harvard ou Stanford)…

D'une très grande intelligence, déjà un petit génie dans ses jeunes années, Aaron Swartz « voulait juste changer le monde ». A l'école, il s'ennuyait pendant les cours (et lorsque le professeur voulait le mettre à la porte, Aaron suppliait qu'on lui donne plutôt des équations à résoudre).

Il avait eu le pressentiment qu'Internet serait rapidement un outil très utilisé par de grandes puissances gouvernementales ainsi que par les géants de l'informatique. Il dévorait « Alan Turing ou l'énigme de l'intelligence. (…) En 1936 la machine de Turing figure un ruban infini – ancêtre de la mémoire vive, une table d'opération – prémices du microprocesseur, et une tête de lecture qui deviendra le « bus » et qui le relie à la mémoire. »

L'ordinateur peut naître. « Pendant la Seconde Guerre mondiale, les services secrets anglais recrutent le génie. Cryptologue, Turing déchiffre les messages de l'aviation allemande puis de l'ensemble de ses opérations. Il craque le code d'Enigma, le réseau de communication de la Wehrmacht, et précipite l'issue du conflit. Quelques années plus tard, le gouvernement britannique le traîne en justice pour « indécence manifeste et perversion sexuelle. C'est le début de la guerre froide et le KGB a récupéré des informations « secret-défense ». (…) Il est retrouvé gisant au pied de son lit ; tombée de sa main sans vie, une pomme croquée qu'il aurait imbibée de cyanure. Un dernier hommage à Blanche-Neige, l'innocence brisée, repris par Steve Jobs, qui en fera l'esprit et l'image d'Apple. »

Avec ses recherches sur Aaron Swartz, Flore Vasseur nous fait découvrir un personnage fascinant, surnommé « l'enfant prodige d'Internet », qui s'est suicidé à l'âge de 26 ans. Surdoué, admirateur de Tim Berners-Lee (informaticien britannique, principal inventeur du World Wide Web (WWW). A peine adolescent, Aaron avait participé au développement du flux RSS ainsi qu'à la licence Creative Commons.

Pendant ses recherches, Flore Vasseur rencontre Jean d'Ormesson (avec son esprit malicieux).

On fustige Barack Obama qui « larme à l'oeil, multiplie les odes à sa femme. Il signe pour soixante-cinq millions de dollars. (…) Il fut le Magnifique. Donald Trump a parachevé l'oeuvre : la vérité est un complot, les médias, les ennemis de la sécurité nationale, le peuple, une fake new. Les écrivains aussi.»

« Obama a endormi les progressistes. Il a mis en joue l'un d'entre eux : Aaron. »

Nous lisons ainsi un récit autant sur la corruption que sur la liberté – sur le destin hors normes du héros en lui rendant hommage dans son ouvrage (elle est la narratrice) ; où elle ne parle que de l'essentiel, de l'enthousiasme de l'idéalisme. Elle rencontre les parents, des proches, afin de pouvoir retracer le parcours de cet homme si talentueux mais parti si jeune. Dans cette biographie – témoignage, l'auteure a créé une sorte de puzzle, où l'on trouve toutes sortes de notifications. On peut dire que son enquête est une recherche sur « la mise à mort de la figure mythique de l'Internet libre, retrouvé pendu à 26 ans. » (dixit Jean-Claude Raspiengeas).

Pour ceux qui ne connaissent pas Aaron Swartz, ceux qui ne touchent pas tellement à la technologie, il leur est rappelé que Aaron a été un génie dès ses 14 ans – qu'il a été confident et maître à penser de Lawrence Lessig (fondateur de Reddit – du flux RSS…).

Biographie, révolte, introspection, ode à réfléchir autrement, notifications historiques : tout y est dans « Ce qu'il nous reste de nos rêves » de Flore Vasseur sur la courte vie de « L'Ange de l'Internet. »

Mais pour terminer ma chronique sur une note plus joyeuse, je cite la question du malicieux Jean d'Ormesson :

»Vous croyez que je devrais avoir un profil Facebook ? »

**************FIN***************

Nadia.

Edité par Pocket, 1er avril 2021

7,60 €


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