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Chemins de poussières rouges

Chemins de poussières rouges

Ma Jian

Ayant laisse un peu de côté ma littérature de voyages, j'ai pensé qu'il était temps de m'y remettre un peu car c'est un genre que j'affectionne (entre autres).

Après avoir un peu hésité sur la destination, cette fois, j'ai carrément choisi de partir en Chine, sur « Les chemins de poussière rouge » ((红尘,) (« éditons : « L'Aube ») avec Ma Jian, (马建), un écrivain, poète, peintre et romancier chinois (que de cordes à son arc !) Il est né à Beijing et à présent il vit à Londres.

Gao Xingjian (Prix Nobel) a dit de lui : « L'une des voix les plus importantes et les plus courageuses de la littérature chinoise contemporaine ».

Après un tel éloge, peut-on hésiter surtout après avoir déjà lu quelques ouvrages de lui ?

Ma Jian nous entraîne avec lui, dans ce voyage autobiographique, à travers la Chine, en traversant les immenses plaines de l'Ouest, la Mongolie, les côtes Sud, pour arriver au Tibet – un voyage qui a duré trois ans – une odyssée – un road trip, avec de nombreux témoignages sur les terres perdues par de nombreux paysans – un pays où règnent la misère, la corruption – mais un pays qui démontre une incroyable énergie.

L'auteur a fait ce voyage avec les moyens dont il pouvait disposer : train, bus, même en charrette mais principalement à pied. C'est la Chine des années 80, pendant le règne de Deng Xiaoping, successeur de Mao.

S'il est parti ainsi, c'est surtout parce qu'il était devenu la « bête noire » des autorités – privé de son droit de visite à sa petite fille, il devait écrire son autocritique.

Il va, dans ce voyage, poursuivre sa quête intérieure qu'il avait débutée avec le bouddhisme – il fait de nombreuses rencontres – voit les traditions de chaque lieu – note la différence flagrante entre les habitants des villes (les plus riches) et les paysans (les plus pauvres comme d'habitude : ceux qui triment pour gagner de quoi vivre tant bien que mal) – quant à lui, il endure aussi, bien des souffrances.

Au fil de la lecture, on note également, bien des réflexions politiques (il constate surtout les dégâts causés par la Révolution culturelle ainsi que la politique de Mao), culturelles, psychologiques, religieuses, spirituelles au milieu de cette nature grandiose.

Concernant quelques unes de ses rencontres en cours de route, il y a non seulement, en plus des paysans, des intellectuels, des étudiants, des chercheurs d'or, des voleurs, mais aussi des femmes.

A noter que pour les descriptions des paysages ainsi que des personnages, on remarque bien que Ma Jian a un oeil de photographe. Ne pas oublier, car c'est très important, la fameuse Muraille de Chine – l'armée de terre cuite de Lintong – la gorge aux dix-mille bouddhas – des déserts – le Fleuve Jaune… impossible de tout détailler, bien entendu.

Au final, un long et beau voyage avec des légendes et des réflexions Historiques : « Je me souviens de la légende des collines au Sable chantant. Une armée de guerriers impérieux campant une nuit dans le désert et une soudaine tempête de sable les enterra vivants. On raconte que si le vent souffle dans la bonne direction, on peut entendre les fantômes des soldats hurler à l'intérieur des dunes. »

Un périple que je ne peux que recommander, même dans un fauteuil, avant de pouvoir s'y rendre et ne pas oublier de regarder les cartes (pour éviter de se perdre).

Nadia d'Antonio

Edité par L'aube


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