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Et les vivants autour

Et les vivants autour

Barbara Abel

Barbara Abel

Ayant déjà rencontré Barbara Abel lors d'un Festival pour un Prix du Meilleur Polar, c'est avec empressement que j'ai lu « Et les vivants autour » (Éditeur : BEFOND).

Cette écrivaine belge a déjà à son actif plusieurs romans policiers (ou thrillers) et avait dit avec Jax Miller, présente lors de cette rencontre, qu'elle aussi adorait « faire peur aux lecteurs » !

Cette fois, c'est un thriller hautement psychologique : « Le fait le plus incroyable de cette histoire est inspiré d'un fait divers réel. Tout le reste n'est que pure imagination. »

Une chose d'abord, la couverture : Une table (apparemment de fête) où le couvert est mis, une table joliment dressée mais personne ne s'y trouve…. Il faut dire que la famille Mercier n'est pas à la fête au vu de l'histoire.

D'abord la construction de ce thriller : chaque chapitre comporte, en page de garde, une maxime d'un personnage connu : c'est agréable et original.

Quant à l'histoire, elle est bien triste. Il s'agit d'une famille déchirée par un drame. le père, Gilbert – son épouse, Micheline – une de leurs filles, Charlotte – tandis que la seconde fille, Jeanne, est dans le coma depuis quatre ans, à la suite d'un accident de voiture. « « Elle s'était juste endormie au volant. Pour ne jamais se réveiller. Depuis, elle dort toujours.» (p.59)

Est également présent, le mari de Jeanne, Jérôme, un comédien, dont le métier l'avait un peu éloigné de son épouse et donné lieu à quelques accrochages.

Puis les milieux : hospitalier et policier.

La vie de Jeanne ne tient plus qu'à un fil, plutôt à plusieurs fils des machines qui la maintiennent en vie, dans un hôpital où elle se trouve depuis quatre ans. «

« Voilà quatre ans que l'ombre de sa soeur plane sur eux. Comme s'ils n'avaient plus le droit de vivre « pour de vrai » tant qu'elle était morte « pour de faux. » (p.104)

Pendant tout ce temps, "les vivants" sont autour du lit d'hôpital, incapables de faire autre chose que d'attendre, d'espérer...

Grande question d'éthique pour LA nouvelle inattendue :

« Dans le bureau du professeur Goossens, la stupeur est absolue. Un trou noir. Comme si l'espace, le temps, le son et la matière venaient d'être dévorés par le néant. (…) La nouvelle est tellement énorme, qu'elle fige chacun sur son siège. Parce que ça n'a pas de sens. On ne peut pas donner la vie alors que celle-ci vous fuit depuis quatre longues et interminables années. » (p.117).

Cette nouvelle est que, après les quatre ans de coma, on découvre que Jeanne est enceinte, suite à un viol survenu dans sa chambre, alors qu'elle était inconsciente.

Et la petite graine va-t-elle être acceptée par la famille, par le mari ? Mais il faut aussi témoigner auprès de la police - d'ailleurs des policiers sont présents pour mener l'enquête et retrouver le coupable dont le geste est horrible, insensé…., autant dire, inqualifiable.

Et si Jeanne ne « revient » pas, que peut-on faire ? Des graves réflexions sur la loi Claeys-Leonetti (concernant l'euthanasie), une loi abordée par le médecin en charge du suivi de l'évolution de l'état de Jeanne. Une question qui oppose la famille, la divise car certains gardent espoir tandis que d'autres n'y croient plus.

Cet ouvrage peut vraiment être qualifié de « page-turner » car le lecteur n'a de cesse de connaître la suite des événements – savoir comment tout cela va se terminer : bien ou mal ? Espoir ou chagrin ?

Ne désirant pas spoiler ce livre, je préfère ne pas en dire plus sauf que Barbara Abel a réussi un tour de force, encore une fois, en nous tenant en haleine jusqu'à la dernière page.

Dans les « Remerciements », Babara Abel écrit : « Merci à toi, Gérard, pour ce fait divers que tu m'as raconté un soir à l'apéro et, alors que j'avais déjà entamé la rédaction d'un autre roman (une bonne soixantaine de pages, tout de même !), j'ai éprouvé l'urgence et le besoin impérieux de raconter cette histoire. » Ce qui a été fait pour notre plus grand plaisir.

Edité par Belfond 5 mars 2020

19 €


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