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Je rêvais de changer le monde

Marek Halter Marek Halter

Comment parler d'un livre tel que « Je rêvais de changer le monde - Mémoires » de Marek Halter ? le personnage est tellement célèbre et son ouvrage tellement dense, qu'à sa lecture, j'ai rempli des pages et des pages de notes devant l'immense quantité d'informations. Je vais finalement me contenter d'une simple chronique et garder mes notes pour m'en servir de résumé personnel. de toute façon, comment faire autrement ?

Marek Halter est né à Varsovie, le 27 janvier 1936, « En pleine tempête de neige, paraît-il. C'était le 27 janvier, jour de naissance de Mozart, disait ma mère qui aimait la musique. Depuis 1945, c'est aussi devenu le jour de commémoration de la libération des camps.» (p.13)

Il rajoute que : « J'ai toujours vécu comme si je devais mourir le lendemain. Mais maintenant que la mort rôde tout près de moi, menace un être qui, à force, est devenu mon double, ce lendemain est de plus en plus présent. Angoissant. (…) Une question me taraude : comment le retarder ? (…)  Revenez plus tard ! Vous voyez bien que je suis occupé » !» (p.7)

Quant à évoquer ses Mémoires, sa réflexion est décrite dans ces quelques lignes : « Ah, s'il savait que je viens d'entreprendre l'une de mes plus périlleuses aventures : raconter ma vie. Plonger mes mains dans la marmite bouillante de la mémoire. Affronter des personnages depuis longtemps disparus, mais dont les contours flottent encore dans ce vaste espace qui sépare mes souvenirs de la surface lisse du papier sur lequel glisse ma plume. » (p.8)

La carrière de Marek Halter a débuté par la peinture. Ses tableaux étaient grandement appréciés à tel point qu'il a même exposé en Argentine ! le succès lui souriait, puis un jour, comme il écrivait quelques articles dans des journaux, un ami lui a demandé pourquoi il ne se mettrait pas à se lancer dans des romans. Alors, ce rescapé de Varsovie, intellectuel très engagé, a écrit « La Mémoire d'Abraham », encensé et a continué par de nombreux autres ouvrages. On lui compte à ce jour, une quarantaine d'écrits, une oeuvre immense qui a été traduite en plus de vingt langues.

Pour ses Mémoires, l'écrivain a avoué que l'élément déclencheur a été la mort – qu'il s'était rendu compte qu'il était fragile quand sa femme Clara est tombée gravement malade et s'est retrouvée alitée pendant deux ans. Alors qu'il écrivait, elle se trouvait dans leur chambre et de temps en temps, il allait lui lire quelques pages de son ouvrage : mais l'entendait-elle ?

Dans ce livre, nous assistons à un destin incroyable. Véritable conteur, Marek nous relate tellement de rencontres pour son combat pour la paix au Proche-Orient, pour la liberté d'expression, que l'on sort de cette lecture, totalement abasourdi, l'esprit bouillonnant d'avoir lu de tels faits aussi importants les uns que les autres.

Et comment citer certains personnages sans en léser une foule d'autres ? Il faudrait des pages et des pages pour les énumérer… Peut-être peut-on se hasarder à dire qu'il a rencontré Staline – Golda Meir (et son sacré caractère) – Sadate – Nasser – Perón – Arafat – Che Guevarra – Vladimir Poutine – le Pape Jean-Paul II…. Des personnages très nombreux et influents du monde littéraire et artistique ou politique…

Ce livre est le propre « voyage » de l'auteur, presque un siècle d'Histoire, une oeuvre gigantesque mais ô combien instructive et passionnante. de plus, grand ami de différents Présidents de la République en France, comme François Mitterrand (qui fut si souvent à ses côtés) – Giscard d'Estaing – Nicolas Sarkozy – il a même rencontré Emmanuel Macron…

Dans les presque 570 pages de cette saga d'un « combattant du siècle », souvent controversé mais également admiré, il dit croire au « pouvoir du verbe » - qu'il faut apprendre à parler – que « c'est en parlant qu'on partage l'espoir ». Pour lui « la mémoire est notre seule éternité. » (p.282)

Il nous relate des événements dramatiques qui ont marqué le XXe siècle – qu'il s'est mobilisé avec son épouse pour le Mur de la Paix, inspiré par Clara avec le mot « Paix » écrit dans une trentaine de langues.

L'auteur a une mémoire invraisemblable car il est arrivé à nous raconter ses débuts jusqu'à nos jours – il relate des dialogues avec de nombreux personnages. Bien sûr le livre ne s'est pas fait en seulement quelques jours, on s'en doute bien, mais pour ma part, j'en suis restée entièrement étonnée. de plus, il n'a pas hésité à joindre quelques traits d'humour (par exemple des proverbes chinois ou des anecdotes), dans cette ambiance tragique.

Puisqu'il m'est impossible de nommer TOUS ces faits marquants, je vais conclure en disant que cette vie a été incroyablement dominée par sa lutte incessante contre les opprimés et son désarroi pour sa femme pour qui il ne peut rien, lui qui a vaincu tant d'obstacles.

Un ouvrage à lire sans rien omettre car tout est significatif mais un livre à relire pour y dénicher certains faits qui auraient pu passer inaperçus au premier abord.

Je termine par ces hommages relevés : « Au nom d'auteur à succès de Marek Halter s'attache l'aura d'un combattant de la liberté, défenseur farouche des droits universels de l'être humain.

Cette singularité, qui le classe parmi les grands écrivains engagés de notre temps, rend captivants ses Mémoires… Merci, Marek ! » (Alexis Lacroix, L'express)

« Une page d'histoire et d'humanité. » (Jacques Pessis, Le Figaro)

« [Un] formidable conteur. » (Chloé Ronchin, CNEWS)

Quant au mien c'est : « Bravo Marek !

Nadia D'Antonio

Edité par J’ai Lu, 15 janvier 2020 Éditions J'ai Lu

9,90 €


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