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Journal d’assises

Journal d’assises

Janine Bonaggiunta


" En juin prochain, la cour d'assises de Chalon-sur-Saône jugera Valérie Bacot. Elle risque la perpétuité. Valérie est accusée d'avoir tiré à bout portant sur son mari, le père de ses quatre enfants. Son mari qui était le compagnon de sa mère vingt-cinq ans plus tôt. Son mari qui l'a violée lorsqu'elle avait douze ans, qui la battait, la prostituait, sans qu'elle ne bronche, jusqu'à ce qu'il menace de s'en prendre à sa fille de quatorze ans. Cette nuit-là, elle l'a tuée pour ne pas mourir, pour que son cauchemar et celui de ses enfants, prenne fin. Mais ce fut le début d'un autre enfer...
L'histoire de Valérie, c'est une tragédie grecque : inceste, amour, viol, haine, mort. Une histoire vraie au cœur de la ruralité française où l'accusée est aussi, est surtout, une victime.
En juin prochain, je défendrai Valérie. Ce que vous lirez sera mon journal, rédigé tous les soirs de la semaine de procès. Je ne cacherai rien de mes doutes, de mes angoisses, de mes joies, de mes colères. Je décrirai le procès, ma plaidoirie, l'étude du dossier, les rapports des experts, des enquêteurs et des témoins, mais aussi ma réaction au verdict, quel qu'il soit. Je partagerai l'ambiance d'une cour d'assises, la spécificité de cette juridiction populaire où des citoyens tirés au sort décident du destin d'un être humain.
Mon but est d'ouvrir des pistes de réflexion sur les nombreux dysfonctionnements judiciaires, institutionnels, éducatifs, médicaux qui autorisent un drame comme celui de Valérie Bacot. Ce drame qui ne serait pas advenu dans des pays européens mieux armés dans la lutte contre les violences faites aux femmes. "
Janine Bonaggiunta

Ce fût un procès médiatisé avant même d’avoir commencé.

Janine explique son rituel lors de la préparation des procès : elle consacre énormément de temps à la répétition de l’audience lorsqu’elle accepte de plaider une affaire devant la cour d’assises, afin de coacher ses clientes accusées d’avoir tué leur mari ou concubin violent.

Elle leur demande de rédiger leur histoire dans un cahier, avec leurs mots.

C’est pour elle un travail préparatoire essentiel qui lui donne accès à tous les éléments qui lui permettront d’optimiser leur défense quand il sera l’heure de plaider devant les jurés.

Depuis 12 ans, elle défend les victimes de violences conjugales et intra familiales, un combat qui s’est imposé à elle comme une évidence.

- Une salle de cour d’assises est, par essence, l’endroit de la République où la pudeur a le moins sa place. -

Au moment où elle pénètre dans la salle intimidante où va se jouer l’avenir de sa cliente, les questions qu’elle se pose sont les mêmes que les siennes : à quelle peine va t-elle être condamnée? Combien de temps va t-elle être encore séparée de ses enfants?

- Tel un match de tennis, il faut être présent à chaque seconde, les sens en éveil pour ne rien rater du jeu de son adversaire. -

Le seul message que veut faire passer Janine Bonaggiunta : une femme ne tue pas son mari si elle n’a pas subi de violences.

Elle constate que les magistrats sont insuffisamment formés à ces problématiques très spécifiques de violences conjugales.

Sa mission est d’alerter sur toutes ces violences qui se déroulent dans les huis clos familiaux.

Lors du procès de sa cliente, elle avait une lourde responsabilité : celle de faire le maximum pour que sa cliente soit condamnée à une peine minime.

Valérie est libre, le travail d’avocate de Janine Bonaggiunta est terminé dans ce dossier, mais son combat de femme continue pour les autres à venir.


Edité par Héloïse d’Ormesson, 7 octobre 2021

15 €


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