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L'année du gel - Agathe Portail

L'année du gel - Agathe Portail

Agathe Portail Agathe Portail

Un bon cru que ce roman policier « L'année du gel » (éditions Calmann-Lévy – Collection Territoires) de Agathe Portail. Un polar se passant dans le Bordelais où « le crime s'invite dans un château » - on pourrait dire « un thriller de terroir avec tous ses produits et ses vignobles». Une couverture « appétissante » avec cette grappe de raisin toute embuée, une grappe qui, mise avec les autres récoltées donnera un bon vin. Mais quand le gel s'en mêle, cela est plus qu'ennuyeux.

D'abord l'auteure : Agathe Portail est une jeune et jolie romancière, justement installée dans le Bordelais. Elle sait donc de quoi elle parle, pour le raisin, et le fil conducteur de son livre est ce vignoble de Haut Méac, où se trouve un château que les propriétaires (Bernard et Alexane Mazet) ont aménagé en chambres d'hôtes pour renflouer leurs finances car leur récolte a été durement touchée par le gel.

Ils attendent justement un groupe de personnes venues prendre quelque repos. Mais on verra que ce repos ne va pas être celui tant espéré car il va être plutôt mouvementé.

D'ailleurs, quand ils veulent arroser leur première soirée et prendre quelques victuailles (saucissons, jambons, bières…) dans une chambre froide (qui sert de resserre normalement), une certaine Juliette y sent un relent de moisi.

Mais il faudrait peut-être signaler, qu'auparavant, (nous sommes en 2017), Fabien Etcheverry, jeune patron de la « Boulange du Fleuve » était venu livrer des pains tièdes, tout juste sortis du four. En les posant dans la cuisine, il s'était approché, par curiosité, d'une porte et voyant qu'il régnait une panique incroyable dans la pièce, avait fini par remarquer une forme étrange sous une bâche. Pris de nausée, il sort et : « Que fallait-il faire, nom de Dieu ? Ses empreintes étaient partout, il ne pouvait plus refermer la chambre et tenter d'oublier. Peut-être qu'il était encore temps de sauver la pauvre fille. (..) Il ne pouvait que composer le 18, s'empêcher de vomir, s'empêcher de hurler, s'empêcher de pleurer. »

« - Major ? Désolé de vous réveiller, c'est Frégé… Je suis à Haut Méac avec Péon, il s'est passé un truc bizarre. Une fille congelée. Oui, dans la chambre froide… Elle est sous une bâche, pas possible de voir qui c'est. J'ai pu toucher un bout qui sort, elle est dure comme du bois… »

Dans la construction de son premier livre, Agathe Portail utilise des retours en arrière : trois jours plus tôt…, puis le moment présent avec les arrivants, etc.

L'enquête va être menée par le major Géraud Dambérailh au milieu de quelques conflits dans son équipe mais il a une vieille tante qui va lui être bien utile : tante Daphné qui n'est pas dénuée d'intuition (et de mémoire).

On fait connaissance avec les vacanciers, les propriétaires du château (les Mazet) – on finit par connaître l'identité de la victime – on trinque et on déguste des bons petits plats – l'enquête suit son cours petit à petit en pataugeant pas mal – il y a le vol d'une horloge qui vient un peu troubler tout cela – tout le monde y va de son refrain (rien vu ; rien entendu ; pas au courant…).

L'auteure réussit à ajouter quelques touches d'humour malgré la noirceur du contexte. Attention aussi à la froideur de l'ambiance car dans la fameuse chambre froide, la température était tombée à -10° ! Remarquez, pour tuer quelqu'un « à petit froid » (et pas « à petit feu »), c'est ce qu'il fallait : c'est rapide, on ne souffre presque pas, on est même insensible car «congelé ».

C'est un bon huis-clos avec ce groupe de personnages qui, finalement, ont chacun (ou presque) quelque chose de particulier. On découvre des petits secrets de famille – une vérité étonnante sur la jeune victime – des moments d'émotion et d'autres de prises de bec – interrogatoires sur recoupements – une énigme dont on trouve la solution à la fin, juste à la fin. Ouf, quel suspense !

Nadine D'antonio

Edité par Calmann Lévy Editions Calmann-Lévy 8 janvier 2020

19,90 €


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