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La peine du bourreau

La peine du bourreau, Estelle Tharreau Estelle Tharreau Auteure

Une nouvelle rentrée littéraire pour 2020, avec « La peine du bourreau » (Éditeur : TAURNADA Éditions) de Estelle Tharreau, écrivaine française, ayant déjà plusieurs ouvrages à son actif.

Avec « La peine du bourreau », nous assistons à un huis-clos étouffant, angoissant.

L'histoire se passe dans le Texas, état bien connu pour avoir gardé la peine de mort (comme certains autres).

Le « bourreau ? » : Ed McCoy, qui a passé 42 ans dans le couloir de la mort des prisons de Polunsky et de Walls.

Le condamné à la peine capitale ? : Un certain Ed que l'on va désigner par ED 0451 – un matricule parmi tant d'autres.

L'Avant-Propos (écrit par l'auteure), nous avertit que : »Bien que ce roman soit une fiction, je n'ai pris que peu de libertés quant aux lieux et aux procédures décrites. Les prisons de Polunsky et de Walls existent. le système carcéral fonctionne de cette manière au Texas. (…) j'ai choisi d'édulcorer quand la réalité dépassait trop violemment la fiction. »

C'est un angoissant compte-à-rebours que nous lisons car il débute quatre heures avant l'exécution : au fil des heures et des minutes. le bourreau reçoit la visite du Gouverneur Thompson, un homme qui aurait le pouvoir d'annuler cette sentence. Auparavant, il va demander de nombreuses explications à McCoy, non seulement sur le détenu mais également sur les sentiments de ce bourreau, ses réflexions, son « parcours »…

Le terrible fil rouge est celui de la peine de mort : pour ou contre ? Pendant ce temps, à l'extérieur, des militants pro ou contre, manifestent pendant que les médias se mettent en place. C'est un véritable déchaînement tandis que l'on suit, également, « la vie » à l'intérieur de la prison.

J'ai relevé l'épigraphe qui démontre bien le problème de cette question :

« Traiter de la peine de mort, c'est d'abord plonger dans l'horreur.

André Kaspi, La peine de mort aux États-Unis. »

McCoy fait des révélations au Gouverneur, car lui-même en a pas mal sur la conscience, des sujets qui le hantent par leur horreur. Mais la question que l'on se pose au fur et à mesure du temps qui s'écoule inexorablement, est de savoir ce qui va arriver et on se retrouve à « Minuit », l'heure fatale. Ce sera une injection létale plutôt que la Old Sparky (au Texas, surnom de la chaise électrique).

A la question du Gouverneur : « Avec l'injection létale, fait-on mourir dignement ? «, McCoy répond : « L'injection létale… La mise à mort médicalisée… La solution miracle : pas de sang, pas de corps brûlé. Inratable, propre et sans douleur. C'est à cause d'elle que j'ai atterri dans le couloir de la mort. Parce qu'à ce miracle, j'y ai cru. »

Bien que ED 0451 ne soit pas blanc comme neige, le lecteur est troublé par son stoïcisme (ou du moins, en apparence). Il demande même à McCoy : « Un bourreau, ça peut aussi avoir de la peine. Hein. Chef' ? »

L'écriture de Estelle Tharreau est très forte par un style qui fait penser aux thrillers américains, ce qu'elle a démontré dans ses précédents ouvrages avec, par exemple : « Mon ombre assassine » (EditionsTaurnada – 2019) - « L'Impasse » (même maison d'éditions) et d'autres.

Ici, avec « La peine du bourreau », elle réussit à nous sensibiliser pour le condamné malgré ses meurtres qui l'ont conduit ici, ainsi qu'à nous faire poser cette fameuse question sur ce verdict encore existant au Texas – il est aussi question de racisme - on assiste à des scènes déchirantes – on se sent mal à l'aise. On tourne et on tourne les pages pour voir comment évolue la situation pour en arriver à la fin. Et là ?…..

Ma conclusion est de lire « La peine du bourreau » de Estelle Tharreau pour deviner tout ce que j'ai préféré taire (suspense oblige). C'est noir, ça glace le sang, c'est de l'horreur quand on lit « les préparatifs » de ce qui sera appelé un « HOMICIDE » pour désigner la cause de la mort – c'est très documenté et c'est ainsi que l'on se retrouve tout étonné d'avoir été autant ému par cette lecture de ce thriller hautement psychologique.

Edité par Taurnada Editions 1 er octobre 2020

9,99 €

Chronique de Nadia.



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