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Les tragiques

Les tragiques

Christian Montaignac

J'avais été attirée par le résumé et la couverture originale : le portrait d'un jeune Noir : la photo de Battling Siki, un jeune Sénégalais qui s'était lancé dans la boxe. Il avait été le premier Africain à remporter le tire de champion du monde devant John Carpentier. Mais victime de racisme, il a été abattu à New York. Il faut dire aussi que le thème du sport est rarement autant abordé en littérature. Ici, il y est totalement dédié.

Et puis ces « Tragiques » : « ils ne sont morts qu'une fois. »

L'auteur Français (grand reporter ainsi que chroniqueur au journal « L'Équipe » pendant 37 ans) s'est penché sur tous ces sportifs et les grands événements tels que des Jeux Olympiques – la Coupe du monde de football ainsi que sur le rugby – mais pas que : la preuve, ce livre où il évoque des univers sportifs de plusieurs catégories.

Pour lui : « La grandeur du sport et son secret éclat se tiennent dans l'invitation à durer le temps de quelques saisons. (…) Ainsi, les sportifs, destinés à mourir de leur vivant, sont appelés à faire de leur jeunesse l'oeuvre d'une vie, leur chef-d'oeuvre aussi. »

« Il en est toutefois, qui ne vieilliront pas dans cette chaude reconnaissance. Ils ne goûteront jamais aux bienfaits d'un nouveau départ, cette possibilité de transformer sa première mort en seconde naissance. Ce sont nos Tragiques. »

Chapitre après chapitre, avec un dessin représentant chaque fois un de ces sportifs, il nous parle d'un grand nombre de ces sportifs qui ont connu un destin tragique. Certains sont très connus, d'autres moins – il y a des hommes et il y a des femmes qui ont osé vaincre les tabous et démontrer leur courage .

On découvre ainsi des sportifs tels que (je ne les citerai pas tous) : Adolphe Hélière (un coureur inconnu) – Albert Richter – Andrés Escobar – Dominique Bouet – Georgette Gagneux (on disait d'elle qu'elle était « folle ») – Lillian Board (« la princesse rose ») - Tom Simpson – Emiliano Sala ... mais je dois passer sur les autres car l'ouvrage comporte 281 pages dont chaque chapitre, chaque personnage, sont remarquables.

En page 53, Christian Montaignac évoque Joyce Carol Oates qui a su « le mieux écrire sur le sujet avec « De la boxe. » Il faut dire qu'avant d'être romancière, elle avait découvert ce sport avec son père. Pour la frêle Égyptienne de Princeton, la boxe n'est pas une métaphore de la vie, mais c'est la vie qui devrait être considérée plutôt comme une métaphore de la boxe. »

Un chapitre qui m'a beaucoup intéressée est celui consacré à Ayrton Senna (1960-1994) car il était une idole de la Formule 1 pour moi avec son adversaire, Alain Prost. Je ne manquais jamais une retransmission des Grands Prix où ils participaient. Et quel fut mon désespoir, lorsque avec « la mort comme passagère », à 200km/heure, son bolide a percuté le mur extérieur du virage de Tamburello ! « Mort cérébrale » « Le coeur du Brésil bat à Bologne. Il cesse de battre à 18H40. Ayrton Senna avait 34 ans .»

Il ne faut pas oublier de mentionner le chapitre sur La Grande Guerre où tant de sportifs sont « tombés» face à La Faucheuse.

L'idée de ce livre était venue à l'auteur à cause du tragique destin de James Dean qui a été la source de nombreux récits pour les fans de cinéma.

Dans cet immense jeu de dés, chance ou malchance, sportifs (et sportives) ne sont pas épargnés, loin de là. « C'est comme cela, c'est la vie ! »

Nadia D’Antonio

Edité par En Exergue, 9 septembre 2020 En Exergue editions

21,50 €


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