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Présumée disparue

Présumée disparue

Susie Steiner

C'est avec « Présumée disparue » (« Homecoming ») que j'ai connu Susie Steiner, écrivaine anglaise dont le premier roman avait été largement salué par la critique et qui avait fait partie d'une sélection alors que je me trouvais dans le Jury.

Aujourd'hui, je reviens avec elle pour « Personne inconnue » (« Persons unknown » - aux Éditions Equinox - Les Arènes).

On retrouve Manon Bradshaw, enceinte de cinq mois (d'une "Personne inconnue" car elle a eu recours à une FIV), et qui a trouvé une petite place aux « affaires classées », un service considéré comme un « placard », mais tant pis, car au moins ça l'occupe le temps de sa grossesse, tandis que son ventre s'arrondit de plus en plus.

Mais, il fallait s'en douter, une affaire vient de tomber : le meurtre d'un homme, poignardé à Hinchingbrooke Park. C'est Davy Walker, anciennement subalterne de Manon, qui va prendre les commandes de l'enquête sur cet assassinat de Jon-Oliver Ross (un banquier de Londres), qui, avant de mourir, n'avait pu que prononcer « Sass » à la personne tentant de le secourir (Mme Judith Cole)  : le nom de qui ? de quoi ?

Les TIC (Techniciens en Identification Criminelle) sont rapidement sur place. On a découvert pas mal de sang, des gouttes très espacées les unes des autres et il faudra faire parler l'ADN. Colin Brierley, le nerd attitré de la MCU, est aux anges car il utilise une base de données « HOLMES ».

Justement, j'apprécie ces enquêtes policières si bien menées, avec des hauts et des bas, évidemment, des rebondissements…

Mais ce que j'ai aussi apprécié, c'est le personnage de Manon (qui vit avec sa soeur Ellie), empêtrée dans sa petite famille et « alourdie » par le poids du petit être qui va venir au monde – également par les problèmes des enfants chez elle (Fly, un gamin qu'elle a avait adopté, lui donne assez de mal par son comportement) – rebondissement quand on découvre qui est Jon-Oliver (la victime).

On peut lire tout un portrait social de l'Angleterre – on trouve du racisme – des problèmes de famille (recomposée) – la construction du livre : des chapitres racontés chacun par une personne différente, est plutôt agréable et nous livre les divers ressentis, dont certains sont cocasses. Eh oui, parfois on rit mais le fond de l'histoire est grave.

La police ne trouve rien de mieux que d'accuser le jeune Fly et sur quelles bases ? Tout simplement parce qu'il traversait le parc (lieu du meurtre, son chemin habituel en rentrant de l'école) et aussi parce que, malheureusement, la couleur de peau de Fly n'est pas très « bonne » ! En effet, ce jeune garçon est Noir, alors … accusé d'office. Ce qui n'arrange pas son cas, c'est qu'il détestait la victime, ex de Ellie avec qui il vit chez Manon. Il faut dire que Jon lui envoyait des SMS menaçants avant de venir voir son fils, Solly. Donc, tout l'accuse.

A cela s'ajoute la présence d'une épicière, Birdie, qui recueille Angel, une gothique (du moins en apparence) et qui semble en fuite. Son passé ? Pas folichon mais il fallait bien qu'elle survive, alors elle a accepté certains jobs. Et pas des reluisants pour quelqu'un qui se fait prénommer Angel (un ange)… Et puis que signifie ce mot « Sass » aussi intrigant, ce mot qui tourne en boucle et qui est (peut-être) la clé du mystère ?

Manon, avec l'aide de Davy, se retrouve donc dans tous ses états (déjà qu'elle est sujette aux dérèglements hormonaux  : réflexions sur la maternité – sa libido…), ne croyant pas à la culpabilité de Fly (bon sang, il n'a que douze ans et ne ferait pas de mal à une mouche !) et se démène pour trouver des éléments nécessaires. Rebondissements à tout-va – révélations inattendues – énormément de questions à régler et du suspense jusqu'à la fin, avec la mafia, des Chinois et des prostituées (hélas mineures). Mais on trouve aussi de l'amour, eh oui, il y trouve un peu de place.

Dans les « Remerciements » (comme c'est l'habitude pour chaque auteur), Susie Steiner dit que : « Ce livre n'aurait pas vu le jour sans l'aide du sergent-détective Graham McMillan de la brigade criminelle du Cambridgeshire, mon consultant concernant tous les sujets liés à la police. » On se doutait bien que l'écrivaine s'était très documentée pour pouvoir aborder un tel sujet et on l'apprécie une fois de plus pour ce second ouvrage qui change bien du premier.

D'ailleurs, j'ai relevé (en faisant un tri), ces éloges :

« Val McDermid » : « C'est comme de marcher sur des sables mouvants, autant pour le lecteur que pour l'enquêtrice. »

« The Sunday Express » : « Résolument moderne… On se réjouit de découvrir une enquêtrice aux prises avec des dilemmes de la vie quotidienne, sans pour autant qu'ils parasitent l'intrigue, maligne et originale. » Et ce ne sont pas les seuls car s'y rajoutent ceux des lecteurs….

Mais c'est ici que je m'arrête d'en dire plus car ouvrage à découvrir et que je recommande.

Edité par les Arènes, 25 septembre 2019 Éditions Les Arènes

20 €


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