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Survivante du camp de Birkenau

Survivante du camp de Birkenau

Ginette Kolinka

Marion Ruggieri

Aujourd'hui, j'ai choisi d'aborder un thème grave, celui de la guerre, de la déportation avec le livre – témoignage de "Ginette Kolika, survivante du camp de Birkenau » (Éditions RAGEOT), un livre adapté de « Retour à Birkenau » de Ginette Kolinka avec Marion Ruggieri. Cet ouvrage est un texte intégral, accompagné d'un dossier documentaire, ce cartes, d'un glossaire et de questions d'ados. Il est d'ailleurs conseillé à partir de 12 ans.

Ginette Kolinka est née en 1925, sans une famille non pratiquante, d'origine juive. Elle est la petite dernière d'une famille de six soeurs. Son père, qui avait déjà perdu un fils, voulait un fils à tout prix et c'est Gilbert qui est né six ans après Ginette. « Mais aucun garçon de la famille Cherkasky n'est mort de sa belle mort. Une fatalité. » Leur vie familiale est sans luxe mais rien ne manque. Puis, alors que Ginette a 14 ans, le guerre éclate et à partir de 1942, tout bascule, alors que tout semblait aller bien, elle aurait eu une vie insouciante, celle de son adolescence…. s'il n'y avait pas eu la guerre.

Dans ce petit livre, Ginette Kolinka raconte son quotidien, à partir de son adolescence pendant la guerre jusqu'aux derniers jours de sa déportation, de son « séjour » dans l'antichambre de la mort – elle voit partir son père et son frère qui ont eu le malheur de se dire fatigués et de monter dans un camion, tandis que les autres font le chemin à pied et on entend « Schnell ! » sans arrêt (le premier mot qu'elle apprend en allemand). Et dire que c'est Ginette qui a conseillé à son père et à Gilbert de prendre le camion !!!! « Cette phrase, soixante-dix ans après, résonne encore en moi. « (p.29) Car les plus « fatigués » sont ceux qui « partent en fumée » dans les fours crématoires, mais ça, personne ne le savait et ensuite, difficile d'imaginer une telle abomination.

Dans plusieurs chapitres, l'auteure nous fait part de tout ce qu'elle a enduré tout en gardant un certain espoir. A son arrivée au camp de Auschwitz-Birkenau, elle a le matricule 78599 – elle n'est plus qu'un numéro parmi des milliers d'autres. « Jusqu'ici nous étions des êtres humains. Nous ne sommes plus rien. » (p.37)

Après plusieurs années de souffrances, de maladies, des années où Ginette Kolinka peut dire qu'à Birkenau il n'y avait plus d'étoiles dans le ciel (alors que dans les camps elles figuraient), elle parle de la « chance » qu'elle a eue : «A Bergen – Belsen – Ma chance, dans cette histoire, la voilà : deux mois plus tard, en janvier 1945, les nazis quittaient Auschwitz pour échapper à l'avancée des Alliés. La Marche de la Mort, d'Auschwitz à Loslau ... » (p.61). Puis, quand elle est enfin sauvée, et qu'on lui dit que l'on peut prévenir sa famille, pour elle c'est : « quelle famille ? »

Vient ensuite sa vie après la guerre, trois ans de maladie, à Lyon, plus de forces… Mais il lui faut se reconstruire et elle démontre une grande force de caractère qui, d'ailleurs, ne l'avait jamais quittée pendant toutes les années d'enfermement – de coups – de maltraitance – de faim – de crasse - de débrouille pour dénicher quelque chose à grappiller dans les poubelles pour tenter de survivre …

C'est un témoignage bouleversant que ce petit livre de "Ginette Kolinka, survivante du camp de Birkenau ». On y trouve ensuite, une quarantaine de pages pour expliquer la « Mise en perspective historique » - des cartes – des explications sur « la politique de collaboration et l'instauration des mesures anti-juives » - et bien d'autres réflexions pour en arriver au « temps de la mémoire et de la transmission », ce qui a lieu grâce à Steven Spielberg car celui-ci avait créé une fondation pour recueillir le témoignage de déportés avant son film « La liste de Schindler »(un film qui m'a faite pleurer comme j'ai pleuré en entendant cette chanson de Jean Ferrat : « Nuit et brouillard ») :

« Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers

Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés

Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants

Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent.

Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres…. »

cette chanson qui évoque bien ce qui a eu lieu pour Ginette Kolinka et aussi pour tant d'autres qui ont réussi à en réchapper (comme mes grands-parents).

Mais si difficile a été cette ignominie sans nom et au sujet de laquelle on a l'habitude d'entendre : « plus jamais ça ! ».

Si Ginette Kolinka s'est tue pendant longtemps, elle n'a rien oublié, et certainement pas Simone Jacob (plus tard Simone Veil) ni Marceline Roselberg (Loridan-Ivens), toutes du convoi 71.

Edité par Rageot Editeur, 23 septembre 2020

9,90 €



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