vingtstations

Vingt stations

En librairie demain :

Vingt stations,

Ahmed, Tiab Ahmed Tiab Ahmed Tiab auteur

# Rentrée littéraire 2021

C'est avec « Gymnopédie pour une disparue » que j'ai connu Ahmed Tiab, lors d'une sélection pour un jury. Je l'ai retrouvé avec « Vingt stations » (Editions de L'Aube – parution le 8 avril 2021).

Ahmed Tiab est né à Oran (Algérie) mais à présent, il enseigne à Nyons (France).

Cet ouvrage est composé de vingt chapitres, les vingt stations de tramway qu'emprunte le narrateur. Vingt stations pendant lesquelles il nous raconte le présent (ce qu'il voit et ce qui a lieu près de lui), tout en se remémorant son passé. On va ainsi de l'un à l'autre, ce qui donne une lecture très agréable. Mais les souvenirs ne sont pas toujours heureux, loin de là car l'auteur ne déroge pas à sa règle de fustiger la politique de son pays.

Le narrateur, monte dans une rame de tramway et craint les contrôles car il n'a pas su comment faire pour acheter un titre de transport. Pendant tout son trajet, il essaie de s'isoler des autres passagers – il ne sait pas s'il va descendre ou pas et en attendant, il observe : le jeune couple qui se dispute et se réconcilie – la jeune fille qui se prend en selfie et sous son léger voile, on s'aperçoit qu'elle est très maquillée – Lorsque le tram s'arrête près d'une école, on entend des coups de feu « en réduisant en même temps, au silence le murmure faussement angoissé des passagers. » (…) « On avait pris l'habitude de ce genre d'alertes depuis le début de la guerre entre les meutes. »

Le narrateur connaissait cela depuis son enfance : la meute établissait déjà sa loi aux abords de son école. Mais, adulte et amoureux de Nedjma, il est resté aveugle au drame qui se tramait et sourd à la rumeur qui l'annonçait.

Tandis que le paysage défile, il pense au futur bébé à naître et pour qui la couleur de la layette avait été choisie, dans le doute, neutre. « La meute a choisi pour nous. Rouge. »

Ainsi défilent autant le paysage que les souvenirs. A l'arrivée au Terminus « Un édifice imposant indique à son fronton PALAIS DE JUSTICE. Ca tombe bien, je crois bien que c'est là où je je devais me rendre ce matin. »

Le narrateur qui a dit : « Je m'installe pour un voyage sans destination à travers les rues et les boulevards de cette ville obsédante et cruelle. Je cesse d'exister et contemple ce monde » , nous a, nous aussi, emmenés en sa compagnie pendant ces « Vingt stations » pour ce trajet, à écouter ses pensées, ses remarques sur l'état de sa ville, de son pays – de la vie des habitants riches ou pauvres – avec des réflexions politiques, sur la justice, mais aussi sur la société. Un constat accablant.

J'ai bien retrouvé Ahmed Tiab qui, n'ayant pas « la langue de bois », a connu les émeutes qui ont soulevé le peuple, en 1988, celles qui ont failli porter les islamistes au pouvoir en Algérie. de plus, je voudrais rajouter que son choix de nous faire suivre un personnage lambda, dans un tramway, comme nous le faisons nous aussi, est bien trouvé. On s'y retrouve presque mais pas dans le même contexte.

A présent, sa vie est plus tranquille, en France, mais il est loin d'oublier ses origines, qu'il nous fait partager.

Edité par Editions de l'aube, 8 avril 2021

19,90 €

Nadia D.

Éditions de l'Aube


Share by: